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Le fruit sans nom

C’est ce mois-ci que tombe le jour des Enfants. Au lieu d’un jouet, pourquoi ne pas lui offrir

l’histoire d’un fruit sans nom ?

Du temps de notre

arrière-

arrière-

arrière-

grand-mère,

les arbres avaient des frondaisons magnifiques

mais ne donnaient pas de fruits. En outre, ils n’avaient pas de bonnes racines à se mettre sous la dent.

Comme on peut l’imaginer, la faim tenaillait les animaux.

Alors, à l’improviste, un bruit a couru : dans la forêt amazonienne poussait un arbre spécial, un arbre enchanté.

Il donne des fruits ?

ont demandé les animaux.

Et ce bavard d’ara de répondre :

il donne un fruit savoureux.

Il y avait, toutefois, un « mais » : pour pouvoir cueillir ce fruit, il fallait d’abord connaître son nom…

Les animaux ont réfléchi et encore réfléchi. Et ils ont décidé de demander le nom de l’arbre magique au dieu Toupà. Qui ne s’est pas fait prier :

sachez que c’est « mouçá, mouçá, mouçá ».

Le tapir est rentré chez lui en répétant répétant le nom pour ne pas l’oublier. Mais il a rencontré une vieille égoïste qui voulait manger tout seule les fruits.

Tapir, mon cher ami, veux-tu m’apporter une « mougá, moucoungá, moucouloungá » ?

Le Tapir a été sidéré et sa langue a fourché quand il a voulu dire le nom qu’il n’arrêtait pas de répéter.

La seule solution, c’était qu’un autre animal demande à Toupá le nom du fruit. Sitôt décidé, sitôt fait, et le coati a été chargé d’obtenir le nom oublié par le tapir. Mais lui aussi sur le chemin du retour a rencontré la vieille gloutonne et à son tour s’est embrouillé. Ensuite, ç’a été le tour du singe qui a menacé la vieille. Celle-ci a lâché un mot quelconque pour le fruit – et adieu la mémoire du singe ! Le jacaré à son tour est tombé dans le piège.

Puis la tortue avec sa grosse carapace a tenté sa chance. Elle a été demander à Toupá le nom béni. Toupá a essayé de lui enlever ses illusions :

Tu ne réussiras pas, tu es trop lente, la vieille t’attrapera avant que tu fasses deux pas

La tortue, pourtant, n’a pas perdu courage. Elle comptait sur sa roublardise, bien plus grande que sa lenteur. En outre, c’était un animal têtu. Elle a appris le nom et a joué de sa petite flûte, a répété le nom et ensuite la même mélodie.

Alors la vieille s’est approché, madrée, et a crié :

Ma commère, moi aussi je veux une « mougá, moucoungá, moucouloungá ».

Mais la tortue a continué de dire :

« mouçá, mouçá, mouçá ».

Plus la vieille voulait l’embrouiller, mieux la tortue répétait le nom correct du fruit. Elle faisait la sourde et jouait de la flûte sans oublier ce que Toupá lui avait appris.

La vieille, folle de rage, c’est mise à cogner sur la carapace. Mais sous la carapace, la tortue chantait. Et qui a été bien attrapée ?

La vieille colérique !

La tortue est un animal généreux :

elle a révélé le secret aux autres animaux.

Le fruit était délicieux et tous se sont régalés, la tortue la première, bien sûr. Mais je dois vous dire que, aujourd’hui encore,

sa carapace est fissurée. C’est à cause des coups que la vieille lui a donnés.

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